Encore une journée. Encore une foutue journée dans ta vie. Une de celle où tu n’étais pas bien dans ta peau, où tu te levais avec une envie de sauter par la fenêtre. En même temps, tu ne voulais pas mourir. Tu avais même peur de mourir. La vie était une chienne avec toi, mais tu ne pouvais te résoudre à mourir, à t’enlever toi-même la vie. C’était quand même ironique pour une schizophrène, une héroïnomane… Les gens autour de toi étaient convaincus que tu faisais tout ce que tu pouvais pour en finir, mais que tu n’y réussissais même pas. En vrai, tu faisais tout ce qui était en ton possible pour essayer de continuer à vivre même si tu trouvais ça extrêmement difficile. Tu avais un goût de vivre qui était assez incroyable lorsque l’on prenait le temps de te connaître, de te parler… Alors ce matin-là, tu te levas avec un mal de bloc assez incroyable. Tu avais été travaillé au bar la veille et tu avais encore une fois abusée de l’alcool. Ça t’avais permis de ne pas trop prendre d’héroïne puisque tu n’aimais pas être complètement défoncée au travail. Tu allas directement dans la salle de bain et te regarda dans la glace. Tu avais les cheveux tous emmêlés et de grosses cernes violacées. Tu avais l’air d’un extraterrestre. Tu es laide. Tellement laide. Encore les voix. Elles n’étaient pas tannées celles-là de te pourrir la vie comme elles le faisaient depuis si longtemps ? Tu fis tes besoins matinaux, alla ta cuisine. Tu devais manger. Tu avais faim. Ne mange surtout pas. Tu es déjà grosse. Pas besoin d’en rajouter. Tu étais chanceuse, cette voix n’était pas trop forte ce matin-là. Tu réussis donc à ingérer ton bol de céréales quasiment en paix. Puis, ton regard tomba sur ton aiguille, sur ton garrot et ton héroïne. Aller la camée, injecte-toi. Et injecte-toi jusqu’à ce que tu crèves comme un pauvre rat. De toute manière, il fallait bien les faire taire. Tu t’assis à la table de la cuisine, cette table où tu ne mangeais même plus. À chaque fois que tu y prenais place, c’était pour te droguée. Tu mis l’héroïne dans ton aiguille, celle que tu utilisais depuis beaucoup trop longtemps. Tu pris quand même le temps de la stérilisé avec la flamme d’un briquet. Tu mis ton garrot, prit le temps de regarder tes veines et d’en choisir une qui n’était pas trop amoché. C’était un rituel pour toi de prendre ta drogue. Tu y mettais tout ton temps. Après tout, tu ne voulais pas mourir. C’est long. On s’en fou. Aller, injecte-toi. Et mets-en plus dans ta seringue, ça sera pas assez. Tu planta l’aiguille avec une précision digne d’un médecin. Tu appuya sur le piston et regarda le liquide descendre tranquillement. Tu enlevas ton aiguille de dans ton bras et ferma les yeux quelques instants pour sentir l’effet de la drogue monter en toi. Quelle pouf… Le but recherché était atteint. Les voix n’étaient plus là. Tu pouvais maintenant être tranquille pendant un bon moment. Tu ouvris tes yeux et regarda autour de toi. Tu avais besoin d’aller marcher. Il faisait tellement beau dehors. Tu ramassas tes cheveux en une queue de cheval et sortit à l’extérieur. Tu marchais tranquillement, avais les yeux dans le vague. Tu étais bien, tu te sentais sur un petit nuage… Tu ne t’en étais pas rendue compte, mais tu étais maintenant bien loin de chez toi.